Argentina: carta abierta al presidente de Francia ante la visita de Mauricio Macri

1.485

A l’occasion de la venue du président argentin Mauricio Macri le 26 janvier

LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

M. le Président de la République,

Sachant que dans quelques jours vous allez recevoir le président de la République Argentine, M.Mauricio Macri, nous, résidents argentins en France, avec le soutien des citoyens et organisations françaises signataires ci-dessous, voulons vous faire part de notre inquiétude concernant la régression des avancées démocratiques dans notre pays, depuis son investiture à la tête de l’État, le 10 décembre 2015.

Contrairement à ce que l’on pouvait attendre d’un candidat élu démocratiquement avec 51 % des voix et qui ne cessait de répéter qu’il respecterait les actions et décisions positives de l’ancien gouvernement, nous avons remarqué avec stupeur, dès la prise de fonctions du nouveau Président, que son intention était de détruire, non seulement les acquis de la période venant de s’écouler, mais aussi de tous ceux ayant été obtenus depuis la chute de la sinistre dictature en 1983.

Le bilan nous semble accablant :

– De graves atteintes à la liberté d’expression sont commises : des journalistes réputés sont limogés ; des programmes de la télévision et de la radio publiques sont supprimés et des médias d’opposition asphyxiés. La nouvelle
administration se livre à une authentique chasse aux sorcières : des dizaines de milliers d’employés de l’administration sont renvoyés en raison de leur appartenance ou de leurs sympathies politiques présumées ou après contrôle de leurs comptes Facebook. Le mois dernier le gouvernement argentin a annulé les accréditations et visas des représentants syndicaux et des organisations sociales leur permettant de se rendre à la 11e conférence ministérielle de l’OMC qui se tenait à Buenos Aires. Tel est le cas d’Attac France, mise sur cette liste noire.

– La criminalisation des mouvements sociaux et syndicaux se poursuit depuis deux ans par une forte répression des travailleurs en grève. La scandaleuse détention préventive de Milagro Sala depuis le 16 janvier 2016 ordonnée par Gerardo Morales, gouverneur de la province de Jujuy avec le soutien du Président Macri, est un exemple de l’escalade répressive. Cette dirigeante du mouvement social Tupac Amaru et députée du parlement du Mercosur fait l’objet d’accusations arbitraires, dénoncées par toutes les instances nationales et internationales des droits humains (ONU, Cour Intéraméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) et Amnesty international,..). La Cour Suprême argentine a d’ailleurs exigé que le gouvernement fasse droit aux demandes de libération formulés par la CIDH. La véritable cause de l’arrestation de Milagro Sala est d’avoir osé remettre en question un système excluant la population la plus démunie du Nord de l’Argentine.

– Sous couvert de lutte contre la corruption par la mise en scène spectaculaire d’arrestations d’ex-hauts fonctionnaires et d’ hommes d’affaires ayant passé des contrats publics avec l’ancien gouvernement, M. Macri tente de dissimuler son implication dans le scandale des sociétés off-shore dernièrement révélé par les Panama Papers et ceci avec la complicité de plusieurs juges et des deux principaux médias argentins. Mauricio Macri et sa famille apparaissent dans plus d’une cinquantaine de ces sociétés, ce qui fait du président argentin, l’une des personnalités publiques mondiales la plus impliquée dans ce scandale. Or il n’est pas du tout inquiété par les juges locaux. Il est paradoxal que les réunions du G20, qui prétend lutter contre les paradis fiscaux soient présidées cette année par le même M. Macri.

– Alors que le pays s’endette dangereusement et que la fuite des capitaux s’amplifie, l’ensemble de la population souffre d’une inflation galopante (24,8 % en 2017). Des augmentations invraisemblables du prix de l’énergie (entre 700 et 1200%), des médicaments, de l’essence et du transport jettent des centaines de milliers de citoyens dans la pauvreté. A la nouvelle loi réduisant le montant des retraites, aux attaques contre le monde éducatif et culturel, au coup d’arrêt à une politique d’expansion de la science argentine et à la réduction du personnel hospitalier s’ajoute l’énorme quantité d’usines et de commerces fermés depuis deux ans. Ce ne sont là que quelques exemples de la dégradation des conditions de vie des Argentins.

– Les politiques de Mémoire, Vérité et Justice promues depuis douze ans sont en danger. En effet des figures emblématiques d’organisations de Défense des Droits de l’Homme ont fait l’objet de menaces de mort, sans que le gouvernement ne réagisse. Plusieurs membres du gouvernement avancent des déclarations négationnistes en menaçant de mettre fin aux procès contre les civils et militaires accusés de torture, d’assassinats, de disparitions et vols de nouveau-nés, durant la dernière dictature militaire

L’Argentine souffre aujourd’hui avec M. Macri, d’une dérive autoritaire, dont le solde s’alourdit de jour en jour :

– disparition puis meurtre de Santiago Maldonado et assassinat d’une balle dans le dos de Rafael Nahuel, militants de la cause mapuche.
– répression devant le Parlement les 14 et 18 décembre derniers lors des manifestations contre la réforme des retraites : arrestation de dizaines de manifestants et impossibilité pour les députés de l’opposition de pénétrer dans l’hémicycle, réprimés par les forces de l’ordre puis mis en examen, accusés d’avoir perturbé la séance.
– prison préventive abusive et accusation infondée de trahison à la patrie pour les membres de l’ancien gouvernement.
– persécution et répression des peuples originaires : les Mapuches en Patagonie et les Wichis dans la province de Formosa.

Enfin, dans ce climat d’atteintes aux droits humains et à la démocratie, l’ex-commissaire tortionnaire Miguel Etchecolatz condamné à 6 reprises à la prison à perpétuité pour ses crimes commis pendant la dictature (séquestration suivi de tortures et assassinats), s’est vu accorder la prison domiciliaire dans le lieu de son choix.

Monsieur le Président, vous sachant très attaché aux valeurs républicaines et démocratiques et en tant que président du pays des Droits de l’Homme, nous sollicitons de votre part lors de votre prochaine rencontre avec M. Macri de lui transmettre notre préoccupation relative à la situation actuelle de l’Argentine et en particulier celle concernant l’inquiétante dégradation de l’État de droit. A cet égard nous apprécierons que vous intercédiez pour la liberté immédiate de Milagro Sala et tous les prisonniers politiques en Argentine.

En espérant que notre lettre saura attirer toute votre attention, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en notre plus haute considération.

Assemblée de Citoyens Argentins en France (ACAF)

(acafcorreo@gmail.com)

Voir les premières signatures :
https://goo.gl/forms/UhBt8Ko8tokQKY9O2

20/01/2018

Mediapart


Con motivo de la visita del presidente argentino Mauricio Macri el 26 de enero

CARTA ABIERTA AL PRESIDENTE DE LA REPÚBLICA FRANCESA

Sr Presidente de la República,

En vísperas de la visita que en estos días realizará el Presidente de la República Argentina, Sr. Mauricio Macri, nos, residentes argentinos en Francia, con el apoyo de ciudadanos franceses y organizaciones co-firmantes de ésta carta, queremos expresarle la preocupación por la regresión democrática en nuestro país desde su asunción, el 10 de diciembre de 2015.

En tanto que candidato democráticamente elegido con el 51% de los votos, que prometiera respetar acciones y decisiones positivas del gobierno anterior, notamos con estupor que, a poco de asumir el mando, el nuevo presidente se orientó en cambio a destruir no solo los logros del precedente período, sino también algunos de los existentes desde la caída de la siniestra última dictadura en 1983.

Con el consiguiente balance devastador:

Reiterados ataques diariamente cometidos contra la libertad de expresión, despido de periodistas reconocidos , programas públicos de radio-televisión y medios de oposición clausurados, puestos en venta o sofocados.

– La nueva administración desata una auténtica cacería de brujas. Son decenas de miles de empleados del gobierno despedidos por una supuesta adhesión al gobierno precedente o falta de empatía con el actual, yendo hasta el control de sus cuentas en las redes sociales. Un hecho público de carácter internacional es llamativo: que en diciembre 2017 el actual gobierno argentino cancelara acreditaciones y visas de representantes sindicales y de organizaciones sociales nacionales e internacionales para asistir a la XI Conferencia Ministerial de la OMC en Buenos Aires (como ocurriera, por caso, con ATTAC France, listada entre los proscriptos).

– La criminalización de los movimientos sociales y sindicales incrementada en estos dos años incluye viejos mecanismos de represión directa contra los trabajadores en huelga. El escándalo jurídico y ético de la detención “preventiva” de la dirigente social Milagro Sala, miembro del parlamento en el Mercosur, dictada por el gobernador de la provincia de Jujuy, Gerardo Morales, cuenta con el apoyo del presidente Macri desde el 16 de enero de 2016, constituyendo un primer ejemplo de escalada represiva, decisión política ideológica y actitud discriminatoria: Milagro Sala es mujer y líder del movimiento social Túpac Amaru, siendo objeto de acusaciones arbitrarias, denunciadas por organismos nacionales e internacionales de derechos humanos (ONU, Corte Interamericana de Derechos Humanos (CIDH) y Amnistía Internacional). Vale recordar que la Corte Suprema de la República Argentina ha establecido que el gobierno nacional debe ejecutar las solicitudes formuladas por la CIDH. La verdadera causa de la detención de Milagro Sala es en realidad el haberse atrevido a cuestionar un sistema de exclusión de una de las poblaciones más empobrecida del Norte argentino.

– Utilizando el recurrente recurso de lucha contra la corrupción,
arrestando de manera espectacular frente a las cámaras de televisión a ex funcionarios del gobierno y empresarios públicamente contratados por el gobierno anterior, Mauricio Macri trata de enmascarar su propia implicación en el escándalo de las compañías off-shore reveladas en los Panama Papers. Esto con la complicidad de algunos jueces y de los dos grandes medios argentinos de comunicación. El Señor Mauricio Macri y su familia figuran en más de cincuenta de las dichas empresas, lo que hace del mandatario argentino una de las principales figuras públicas mundiales envuelta en ese escándalo. Resulta imposible ignorar a ésta altura tanto la impunidad otorgada por los jueces locales como lo paradójico de que las reuniones del G20 que, entre otros temas, preconiza la lucha contra los paraísos fiscales, se ve hoy presidido por el mismo Señor Mauricio Macri.

– En la medida en que el país se endeuda nuevamente a niveles insostenibles, incrementando la fuga de capitales, la población padece una inflación galopante (24,8% en 2017); se confirman aumentos seriales del costo energético (entre 700 y 1200%), de medicamentos y atención sanitaria, de combustibles y de transporte, sumergiendo a miles de personas en la pobreza; una ley reduce el monto de pensiones, subsidios y reembolsos sociales; se llevan adelante ataques orientados al mundo educativo, sindical y cultural; un cese de la política de sostenimiento a la ciencia argentina, a la vasta reducción del personal hospitalario, emprendida en perjuicio de las necesidades de la población se suma la cantidad de fábricas y comercios en situación de quiebra dejando miles de personas en la calle. Estos son solo algunos ejemplos de la degradación de las condiciones de vida de los argentinos.

– En el ámbito de las políticas de Memoria, Verdad y Justicia, durante doce años promovidas para orgullo de nuestro país, inquieta que se hallen hoy en peligro de desaparición, de banalización u olvido;consterna que miembros del gobierno realicen declaraciones negacionistas, enunciando poner fin a juicios de civiles y militares acusados de tortura, asesinato, desaparición y robo de recién nacidos durante la última dictadura militar; alarma que emblemáticas figuras de organizaciones de derechos humanos sean de nuevo blanco de amenazas anónimas y sin que el gobierno reaccione.

La Argentina sufre hoy una deriva autoritaria cuyo saldo aumenta día a día:

– La desaparición y reaparición muerto ahogado en circunstancias extrañas, sin reconocer persecución y hostigamiento, en el caso del joven Santiago Maldonado; el asesinato por bala en la espalda de Rafael Nahuel, simpatizantes del pueblo nativo Mapuche.

– La represión de carácter brutal frente al Congreso los días 14-18 de diciembre durante manifestaciones contra la reforma previsional, el arresto de decenas de manifestantes con numerosos heridos, la negación a diputados de acceder al hemiciclo parlamentario, reprimiéndolos.

– La prisión, “preventiva” y “acusatoria”, jurídicamente aberrante y no fundada, de “traición a la patria”, destinada a miembros del gobierno anterior.

– La persecución y represión de pueblos originarios, comunidad Mapuche en la Patagonia y Wichi en la provincia de Formosa.

Corolario de éste clima de violaciones de derechos humanos y democráticos, el ex comisario torturador Miguel Etchecolatz, ex director de investigaciones de la policía durante la dictadura y seis veces condenado a cadena perpetua por sus crímenes se ve otorgar hoy la prisión domiciliaria en el lugar de su elección.

Señor Presidente, conociendo su adhesión a valores republicanos y democráticos del país donde fueran consagrados los Derechos Humanos,le solicitamos que en su próximo encuentro con el Presidente Mauricio Macri tenga a bien transmitir nuestra sincera preocupación por la situación actual en la Argentina, en particular por el inquietante deterioro del estado de derecho. En este sentido, apreciaremos que pueda usted interceder por la libertad de Milagro Sala y de todos los presos políticos en Argentina.

Con la esperanza de que nuestra carta atraiga su atenta apreciación, le transmitimos, Señor Presidente, nuestra más alta consideración y respeto.

Asamblea de Ciudadanos Argentinos en Francia (ACAF)

(Acafcorreo@gmail.com)

Ver aquí las primeras firmas
https://goo.gl/forms/UhBt8Ko8tokQKY9O2

Más notas sobre el tema